Wednesday, 25 March 2009

"La science pour une révolution sociale"

It is an article appered on a Quebec weekly on Kerala Sasthra Sahithya Parishad.
it can be found online at http://www.alternatives.ca   in french and in english also on the same site


Dossier : science et démocratie
"La science pour une révolution sociale"

jeudi 29 janvier 2009 par Benoîte Labrosse
« Nous essayons consciemment de convertir la science et la technologie en une arme à mettre dans les mains des pauvres pour qu’ils combattent leur appauvrissement. » C’est avec cet objectif que l’ONG indienne Kerala Sasthra Sahithya Parishad (KSSP) tente depuis près de 50 ans d’amener les citoyens moins fortunés à s’engager plus activement dans le processus de transformation sociale devant mener à l’avènement d’un État plus égalitaire.

Les racines de Kerala Sasthra Sahithya Parishad, dont le nom signifie « Forum pour la littérature scientifique du Kerala » dans la langue locale, le malayalam, remontent à 1962. L’objectif premier de ce petit groupe de chercheurs et de communicateurs était de traduire les ouvrages scientifiques dans la langue locale pour en augmenter le rayonnement dans la communauté. « Les fondateurs venaient de trois grands courants de pensée qui ont tous influencé le mouvement », précise K.K. Krishnakumar, un ingénieur de formation engagé dans le mouvement depuis 1972. « Il y avait ceux qui militaient pour la libération populaire et qui étaient inspirés par le mouvement soviétique, les chercheurs qui estimaient que le pays avait besoin de se développer au niveau scientifique, et puis finalement le groupe des communicateurs, professeurs et écrivains qui estimaient que la seule langue de communication scientifique - l’anglais - et le faible taux d’alphabétisation constituaient une barrière pour la population. »

Le KSSP est rapidement devenu l’un des plus grands éditeurs scientifiques indiens, avec en moyenne une cinquantaine de titres publiée annuellement. Vendues de porte en porte par des membres de l’organisation - ils sont actuellement plus de 50 000 -, ces publications représentent encore aujourd’hui la principale source de financement de l’organisme. « Nous nous concentrons surtout sur les sujets scientifiques et politiques, mais nous avons aussi des livres pour enfants, des contes ou encore des livres sur la santé », explique M. Krishnakumar, qui a déjà assuré la présidence de l’organisme et fait toujours partie de son comité exécutif.

Amener les gens à réfléchir pour agir

Dans les années 1970, le KSSP décide d’élargir son champ d’action pour s’impliquer dans l’aspect plus politique de la science et des technologies. « Nous avons alors compris que notre rôle était d’aider la population moins privilégiée à démystifier les enjeux scientifiques et politiques pour lui permettre de participer à la vie démocratique nationale d’une façon plus efficace », soutient M. Krishnakumar. C’est également à cette époque que l’organisme a adopté sa devise, « la science pour une révolution sociale ».

La première intervention de KSSP dans le débat public est sa prise de position contre la construction d’un barrage hydro-électrique dans la région de Silent Valley. « Depuis, s’exclame l’ingénieur en riant, nous avons une très intéressante relation d’amour-haine avec le gouvernement !. Nous avons souvent à critiquer ses actions, mais parfois, les élus sont heureux qu’on le fasse ! » L’un des exemples les plus flagrants reste la fructueuse campagne d’alphabétisation que le KSSP a menée à la fin des années 1980 en réponse à ce qu’il considérait comme un manque de volonté de l’État.

Toutefois, beaucoup de travail reste encore à faire pour atteindre un semblant d’égalité. « Nous avons une fois de plus constaté les impacts choquants du néolibéralisme, se désole M. Krishnakumar. Le fossé entre les riches et les pauvres s’est encore élargi, et les pauvres sont de plus en plus marginalisés dans la société. »

Mais il ne faudrait pas croire que de tels constats ébranlent l’optimisme dont font preuve les membres de KSSP depuis ses débuts. « Nous ne sommes pas fatalistes et nous ne croyons pas dans la philosophie d’”il n’y a pas d’alternatives”, assure M. Krishnakumar. On croit que quand on pose les bonnes questions, on amène les gens à réfléchir et à créer leurs propres initiatives porteuses de changement. »

Stimuler la créativité

Le volet jeunesse a toujours occupé une place de choix dans cette organisation. Malheureusement, l’adhésion des jeunes a fortement diminué depuis quelques années. D’après M. Krishnakumar, « c’est à cause de l’individualisme apporté par la société néolibérale. L’attachement à la communauté est beaucoup moins fort qu’avant, donc il faut travailler à le recréer sous une nouvelle forme. »

Malgré un certain désintéressement de la jeunesse, le mouvement existe depuis presque quarante ans rappelle l’ingénieur, qui explique sa survie par le fait que celui-ci essaie de s’adapter aux nouveaux besoins exprimés par la population. En plus de travailler à inclure les nouveaux médias et les technologies de l’information à son fonctionnement, l’organisme a donc décidé de profiter de l’année 2009 pour lancer une grande campagne scientifique. Cette année marque entre autres le 150e anniversaire de la théorie de l’évolution de Charles Darwin et le 400e anniversaire de l’invention de la lunette télescopique par Galilée. « Nous utilisons toutes les opportunités qui nous sont offertes pour discuter de la science et de son impact dans la société, car la plus grande leçon que nous avons apprise depuis nos débuts, c’est que toutes les transformations dans la société doivent venir de la communauté locale. Une fois que la communauté s’engage, elle fait preuve d’une grande créativité pour arriver à ses fins. L’essentiel, c’est donc de stimuler cette créativité. »

http://www.alternatives.ca/article4436.html 

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